<< >>

POINT DE DÉPART - Septembre 2020

"ce qui gratte"

Qu'est-ce que chercher ?

Effectuer un travail de recherche dans une école d'art pose les questions suivantes:

Je peux répondre personnellement à la première question : chercher est la base de mon travail (je pourrais dire spontanément : "c'est mon métier"). Mais dans mon expérience, ma pratique, chercher est resté jusqu'ici une démarche nécessaire, évidente, peu conscientisée, et donc un processus non documenté et non partagé (non écrit).

mémoire = possibilité d'explorer plus loin, expliciter mon mécanisme/processus de travail

En tant que praticienne, ma réponse à "qu'est-ce que chercher?" va être différente de la réponse universitaire. Mais du coup, quelle place à ma pratique de chercheuse : hors des lieux d'accès à la connaissance (accès plus restreint/plus difficile) ? Hors des espaces d'émulations, de partage de la pensée (excepté les livres) ? Quelle légitimité elle a, surtout si elle ne laisse pas (ou peu) de traces ?

Question : quelle est cette supposée "réponse universitaire" ? (Démonter mes propres stéréotypes).

Légitimité et forme de la pensée

L'ERG ouvre un changement de paradigme dans ma pratique de la pensée. D'abord, par le cadre institutionnel d'une école supérieure, où l'attente, la validation des cours passent par l'écrit. Ensuite, par la remise à plat de ma propre expérience et par l'ouverture de possibles jusqu'ici impensés.

Lectures et travaux marquants (dans l'ordre chronologique) :

 


Esquisse de territoires

ATTENTE

Expériences personnelles

"J'ai 4 ans, je suis en maternelle et je peins à la gouache" : une activité anecdotique, banale, qui en rencontrant des attentes extérieures se transforme, devient évènement :

Notes : art parétial (grotte Chauvet) :

Autres confrontations à l'attente d'une forme précise rencontrées dans mon parcours scolaire :

Problème : ça ne correspond pas à ce que je fais, comment je cherche, les chemins par où passe ma pensée (difficulté de trouver la légitimité dans la solitude).

Quelles sont les attentes auxquelles me confronte la rédaction d'un mémoire universitaire ? Attentes académiques (objectifs, méthodologie, mise en forme spécifique, etc. // "stéréotype du mémoire universitaire"), attentes spécifiques à une école d'art, attentes spécifiques à l'ERG ?

Attentes d'un mémoire à l'ERG

Attente pédagogique

Extrait du projet pédagogique de l'ERG :

Il s'agira de soutenir tout au long du cursus une résistance, une désobéissance épistémologique aux normes et aux codes de l'histoire

Il faudra accompagner le risque des étudiants et des étudiantes à explorer les zones situées hors des manuels de toutes sortes

Attente du jury / de chaque membre du jury : ?

Attente de la promotrice : demander à Fleur

Mes propres attentes

Ce mémoire pourrait être :

cf. > penser le voyage / envies, enjeux, objectifs

CHERCHER

Dans ma pratique

Chercher est pour moi toujours la première étape :

Ces outils théoriques :

Chercher = trouver/mettre des mots sur ses intuitions

Chercher = comprendre/découvrir >< Vivre = sentir/interagir

Chercher = se situer / (apprendre à) savoir :

La recherche comme agencement multispécifique ?

Anna Tsing, Le champignon de la fin du monde, p.57 :

Nous sommes submergés de tous les côtés par des mondes en chantier

Il existe de multiples mondes, territoires de recherche (dans et hors des institutions). Il y a tissé entre eux des interconnexions mouvantes (perceptibles et imperceptibles).

Voir aussi Nasstaja Martin. Faire le parallèle entre "vivre dans une forêt, parmi les vivants" et vivre dans une forêt d'écrits, de livres, parmi ceux qui cherchent, oscillent, trébuchent :

C'est toujours comme ça ici, rien ne se passe jamais comme on veut, ça résiste. Je pense à toutes les fois où le coup ne part pas, où le poisson ne mord pas, où les rennes n'avancent pas, où le motoneige toussote. C'est pareil pour tout le monde. On essaie d'avoir du style mais on trébuche, on s'enfonce, on clopine, on tombe, on se relève. (...) Vivre en forêt c'est un peu ça : être vivant parmi tant d'autres, osciller avec eux."

Nasstasja Martin, Croire aux Fauves, p.142

Si l'espace de la recherche est envisagé comme un agencement, alors à quel moment cet agencement "de mondes en chantier" pourrait faire évènement ? > Cf. Anna Tsing

Partage de la recherche

Différence entre recherche et écriture

L'écriture comme passage "obligé" ?

ÉCRIRE

Écriture comme outil de partage, d'articulation d'une pensée

Roland Barthes, "Jeunes chercheurs" in Le bruissement de la langue, p.105 :

"Le chercheur est acculé à un dilemme, redoutable : ou bien parler du Texte selon le code conventionnel de l'écrivance, c'est-à-dire rester prisonnier de "l'imaginaire" du savant, qui se veut, ou, ce qui est bien pis, se croit extérieur à l'objet de son étude et prétend, en toute innocence, en toute assurance, mettre son propre langage en position d'exterritorialité ; ou bien entrer lui-même dans le jeu du signifiant, dans l'infini de l'énonciation, en un mot "écrire" (ce qui ne veut pas dire simplement "bien écrire"), retirer le "moi", qu'il croit être, de sa coque imaginaire, de ce code scientifique, qui protège mais aussi trompe, en un mot jeter le sujet à travers le blanc de la page, non pour l'"exprimer" (rien à voir avec la "subjectivité"), mais pour le disperser : ce qui est alors déborder le discours régulier de la recherche."

Murielle Macé, Nos cabanes, p.23 :

Il y a plein de manière et de raison d'écrire... Suivre leur piste, c'est-à-dire en vérité les suivre dans leur idée, dans leur pensée. Pas exactement dans la pensée qu'elles ont, ni même la pensée qu'on a d'elles, mais la pensée qu'elles sont. Puisqu'il s'agit de savoir entendre une idée de vie dans toute forme de vie, de sentir quelle formule d'existence elle libère, quelle ligne de pratiques, d'expériences, elle avance. Et de laisser rêver cette ligne.

Gilles Deleuze, Qu'est-ce que la philosophie ? et L'Abécédaire:

Écriture comme geste : trace/dessin/corps

Écriture comme geste, trace, outil de développement de la pensée...

Ergographie n.f.

Roland Barthes , L'obvie et l'obtus, "L'esprit de la lettre" , p95 :

L'écriture est faite de lettres, soit. Mais de quoi sont faites les lettres ? On peut chercher une réponse historique - inconnue en ce qui concerne notre alphabet ; mais on peut aussi se servir de la question pour déplacer le problème de l'origine, amener une conceptualisation progressive de l'entre-deux, du rapport flottant, dont nous déterminons l'ancrage d'une façon toujours abusive. En Orient, dans cette civilisation idéographique, c'est ce qui est entre l'écriture et la peinture qui est tracé, sans que l'on puisse se référer l'un à l'autre ; ceci permet de déjouer cette loi scélérate de la filiation, qui est notre Loi, paternelle, civile, mentale, scientifique : loi ségrégative en vertu de laquelle nous expédions d'un côté les graphistes et de l'autre les peintres, d'un côté les romanciers et d'un autre les poètes ; mais l'écriture est une : le discontinu qui la fonde partout fait de tout ce que nous écrivons, peignons, traçons, un seul texte. (...) À nous de ne pas censurer ce champ matériel en réduisant la somme prodigieuse de ces lettres-figures à une galerie d'extravagances et de rêves : la marge que nous concédons (...) est le lieu même où l'écrivain, le peintre et le graphiste, en un mot le performateur de texte, doit travailler.

(...)

Tous les artistes cités par Massin, moines, graphistes, lithographes, peintres ont barré la route qui semble aller naturellement de la première à la seconde articulation, de la lettre au mot, et ont pris un autre chemin, qui est le chemin, non du langage, mais de l'écriture, non de la communication, mais de la signifiance : aventure qui se situe en marge des prétendues finalités du langage et par là même au centre de son jeu.

Le geste engage le corps et l'être tout entier dans ses conséquences. Question du risque, de la confiance > Cf. David Lapoujade, Empirisme et pragmatisme

LIRE

Il n'y a pas d'écriture sans lecture. Questionner l'interaction entre écriture-lecture, auteur-lecteur. Interaction au cœur de "chercher", au cœur de l'évènement de la pensée ?

Théorie : Question de la place du lecteur. Comment le texte invente le lecteur/le lecteur invente le texte ?

Cf > R.Barthes / I.Stengers / A.Manguel / V.Woolf (u.a.)

cf > laisser une trace > méthodologie

Questionner mon propre rapport à la lecture

Gilles Deleuze, L'abécédaire:

Les rencontres ça ne se fait pas avec les gens, mais avec les choses.

Des rapports imperceptibles avec des gens imperceptibles, c'est ce qu'il y a de plus beau.

Place et responsabilité du lecteur ?

"Savoir lire le monde avant de l'écrire"

Alberto Mangel, Histoire de la lecture

Je regarde les mots, je vois les mots, et ce que je vois s'organise en fonction d'un code ou d'un système que j'ai appris et que je partage avec d'autres lecteurs de mon époque et de ma région. p.64

Mon corps ne me demandait rien. Ce qui se passait se passait dans le livre, et c'était moi qui racontais l'histoire. La vie se déroulait parce que je tournais les pages. Je ne crois pas pouvoir me rappeler joie plus grande, plus complète... p.223

Virginia Woolf, How Should One Read a Book ?

To read a book well, one should read it as if one were writing it

It is clear that reading is one of the most arduous and exhausting of occupation

El Lissitzky, Notre livre (U.R.S.S.) : Les deux dimensions du livre (espace/temps)


Penser le voyage

Envie/enjeux/objectifs personnels

Faire le point sur ma pratique et mon travail de recherche

Comment ma pratique me fait penser ? Que m'apprend-elle ? Quelles questions elle me pose ? Comment ? Comment y répondre ? Par quel chemin ? Quels territoires elle me fait traverser ? Dans quelle(s) situation(s), à quelle(s) place(s) elle me met ?

Explorer et en même temps tenter de définir le territoire d'une pensée, d'une pratique. Tâter, sentir, se situer.

Pièges à éviter

Méthodologie/Processus

Proposition : partir de "petites histoires", d'expériences vécues autour de la lecture, de l'écriture, de la recherche (et donc de l'école, de l'institution) à partir desquelles penser (les conséquences).

Outils méthodologiques :

Il faut des histoires concrètes pour qu'un concept quel qu'il soit prenne vie, p.114

Les choses qui semblait à première vue les plus insignifiantes se révèlent souvent avoir une grande importance, p.173

Écouter et raconter des histoires qui se bousculent est une méthode, p.77


Mise en forme / penser la trace

Agencement polyphonique

Proposition de voix/voies

Sentier principal : un ou des textes réflexifs (travail d'écriture)

Sentiers parallèles :

Sentiers secondaires / traces possibles d'une recherche :

Processus de mise en forme d'un territoire

Deux modes d'écriture qui se rejoignent /pourraient se rejoindre :

Réajuster le rapport en permanence entre :

Format éditorial

J'imagine une édition sous la forme d'un cahier Atoma A5 : avoir en tête, dès le départ, un format, me permet de pouvoir ajuster/jouer au mieux sa relation avec le contenu. Rester classique, en choississant la forme d'un livret imprimé, mais choisir une reliure à anneaux Atoma

Pragmatiquement :

Symboliquement :

Formellement /dramaturgiquement :

Autres pistes/propositions :

<< >>