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J'ai reçu une machine à écrire pour mon anniversaire. C'est une expérience d'écriture trés intéressante. D'abord, il n'y a pas (très peu) d'intermédiaire inconnu, électrique, algorithmique, entre le geste et l'inscription de la lettre. Il est mécanique, réduit au minimum : quelques rouages, une mince barre de fer qui se soulève).

Ensuite, il faut frapper plus fort sur les touches. Une sorte de force/rage d'écrire inhérente à la machine - et au bruit qu'elle fait.

Surtout, les erreurs, les fautes de frappe, les hésitations sont à vue. C'est une Écriture au présent, irrémédiable, où chaque lettre, chaque signe inscrit, chaque geste engagé l'est pour toujours, ne peut être effacé d'un coup magique de "backspace". Le rythme, le temps de réflexion en sont modifiés, ralentis.

C'est être en relation uniquement avec une feuille de papier et une mécanique de métal. Avec quelque chose d'extrêmement matériel, concret, saisissable. Expérience tout à fait différente de celle de l'écran, de l'espace virtuel qu'il affiche (et de ses méandres). En effet, derrière la feuille de papier, il n'y a rien. L'environnement est réduit, se réduit à cela : une machine qui imprime des lettres manuellement une par une sur une feuille de papier. L'essentiel ?

C'est peut-être pour cela que certain.es auteur.ices reviennent à la machine à écrire. Un face à face avec l'écriture sans logiciel, sans intermédiaire, sans distraction autre que le bruit régulier du mécanisme, et le chargement des feuilles.

Où se situerait alors cette expérience par rapport à l'écriture manuscrite ? Qu'est-ce que la machine apporte, enlève à l'écriture à la main ? La vitesse ? La lisibilité ?

Nommecelarecherche1

Traduction en cours du texte *Faire Oeuvre*, d'Erin Manning. J'ai d'abord recopier l'original à la main, puis tenter une traduction "brute" sur la machine. Elle oblige à laisser les traces d'hésitations.