Je ne sais pas (plus) comment lire, alors je ne lis plus. La manière "académique" de lire - où ce que j'en projette - ne me convient pas, ça bloque. Lire, noter, retranscrire, d'accord. Mais comment lire ? Quoi noter ? Ça tue le désir de lecture. Qui est pourtant là. Naviguer dans les bibliographies, ajouter, acheter, télécharger, emprunter, imprimer. Je suis entourée de livres, d'écrits inscrits sur des disques durs, des liseuses, posés sur des coins de bureau, des rebords de chaises, des étagères, en pile à même le sol. Mais je ne lis pas. Est-ce que ne pas lire - la "non-lecture" - est aussi une manière de lire ? La potentialité de la lecture est-elle déjà lecture ? ( Cher Comité, là je compte sur vous pour insuffler ici une/des références de concepts philosophiques appropriés...)
Comment est-ce qu'on lit quand on lit ? Quel(s) mouvement(s) fait-on? Quand est-ce qu'ils commencent ? Quand est-ce qu'ils finissent ? Que ce passe-t-il entre les deux ? Faut-il nécessairement, garder une trace de cette évènement (notamment en tant que lecteur/lectrice "académique")? Et si oui, laquelle ?
Aujourd'hui, je suis passée à la librairie germanophone acheter un guide de conversation (ma cousine part s'installer à Vienne et ne parle pas un mot d'allemand). En déambulant je découvre sur les étagères Vom Stand der Dinge de Villèm Flusser, un livre que j'avais commandé par mail des mois auparavant ( en entendant Yves en parler dans un séminaire), mais dont je n'avais plus eu de nouvelles malgrè mes relances. Es was doch mein Buch !! Abgefahren ! J'en parle à la Buchhandlerin (lien). Elle court spontanément chercher un autre livre : Erorberung des Nutzlosigkeitde Werner Herzog, qui faisait partie de la commande. Deux livres désirés il y a longtemps, oubliés, qui refont surface. Un hasard et une erreur informatique peuvent-ils transformer une lecture désirée, en une lecture non-volontaire, non-intentionnelle ? Il a suffi que je les ouvre...