Pousser ce qu'on appellerait une "fiche de lecture" dans ses retranchements graphiques (enfin, non, il serait possible d'aller bien plus loin : imaginer des fiches de lectures géantes en 3D, inscrites sur des murs, des surfaces immenses, gravées dans du bois, etc. - cf/ bibliothèque imaginée par Damasio dans ;la horde du contrevent).
Notes de lecture, toujours Kenneth Goldsmith
Ce geste de dessin/lecture/écriture ne fait pas forcément prendre plus conscience de ce que l'on "extrait" du texte, du processus de lecture, de ce qui nous "touche" -littéralement- et dont on se saisit. C'est comme ramasser des coquillages sur la plage : pourquoi cette phrase-là plutôt qu'une autre ? Mais offre assurément un élan de liberté - et une certaine confiance en soi en tant que lectrice : en laissant de côté de la peur de rater l'idée essentielle, de "mal" comprendre l'auteur.e
Explorer l'espace de la page blanche, déborder la linéarité du texte, permet aussi de sortir de la "hiérarchie" de la fiche de lecture académique "idéale" (cf "méthodologie - déc ?"). Écrire à la main, s'amuser avec différents outils d'écriture, leurs matières et leurs couleurs, engager le corps, démultiplie les possibilités de jeu, la relation avec ce qui est lu, en révélant dans un même mouvement la co-transformation qui en résulte. Une manière de sortir du rapport de force intellectuel qui se joue avec l'instance sociale, et qui "surdétermine sa relation avec le texte", comme le décortique Michel de Certeau. Une manière de s'approcher, accepter - et laisser une trace- d'une "opération poétique, une ruse efficace pour "insinuer son inventivité dans les failles d'une orthodoxie culturelle".
Michel de Certeau, L'invention du quotidien I : l'art de faire