Il y a un gouffre énorme entre l'image de "ce que doit être" un travail de recherche académique au quotidien et ma réalité de travail, bien plus chaotique. Dans ma tentative d'organiser ce temps, la semaine "parfaite" d'une doctorante sur laquelle je me base à tout du cliché : des plages horaires définies précisément, attribuées à des tâches précises, et respectées, évidemment.
Mon cerveau étant maître dans l'éparpillement et le papillonage, je passe en réalité mes journées à naviguer sur la crête, à négocier avec et contre lui, pour que -quand même - des choses soient faites. Je m'accroche pour cela à des outils, papier le plus souvent, numériques parfois, qui très vite deviennent obsolètes : je perds petit à petit le fil de leur utilité première, les subvertis jusqu'à ce qu'ils deviennent insaississables, inutilisables (quand je n'oublie pas tout simplement leur existence). Je reprends alors tout depuis le début, me jetant sur les blogs et vidéos d'organisation personnelle, de planification de projet - bullet journals, programmes et autres apps de gestion du temps - qui dans leurs diversités ont pourtant toutes le même objectif : maîtriser son temps pour être plus efficace. Maîtrise, efficacité. Termes intéressants. Est-ce que c'est cela que je cherche ? Est-ce vers cela que je tends ?
Arriver à se détacher d'un modèle culturel capitaliste dominant bien ancré dans l'inconscient, inventer d'autres voies - escapes the order - comme dit Erin, n'est pas une mince affaire. Par où commencer ? Comment faire ? Essayer, tâter, rater, recommencer. Faire l'expérience. Peut-être que cet insidieux TDA va m'être utile pour le coup, anéantissant de fait chaque jour mes vélléités à tendre vers cette supposée "journée parfaite".